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Trois questions à Amélie Akinshola, de l’ONG Rescue and Hope

Amélie Akinshola

Société civile Directrice exécutive - ONG Rescue And Hope

Amélie Akinshola est la co-fondatrice et l’actuelle Directrice exécutive de l’ONG Rescue and Hope au Bénin. Cette association créée en 2006 agit en faveur du bien-être, de l’autonomisation et de la justice des jeunes, des filles et femmes, en particulier en milieu rural et périurbain. Activiste au sein de la société civile béninoise, elle capitalise plus de quatorze ans d’expériences professionnelles et d’actions de proximité dans la promotion des droits et de l’autonomisation des filles et femmes.

Dans la perspective du Forum Génération Égalité à Paris et à l’occasion du lancement du site expertesgenre.fr, Amélie Akinshola revient sur travail mené par l’ONG qu’elle dirige et sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la vie des femmes au Bénin.  

Expertes Genre : Pouvez-vous nous présentez-nous les principales actions de votre ONG Rescue and Hope, en faveur de l’autonomisation des femmes rurales au Bénin ?

Amélie Akinshola : Rescue and Hope est une Organisation Non Gouvernementale (ONG) de droit béninois travaillant pour l’amélioration continue de la santé et des conditions de vie et travail des populations vulnérables. Nous œuvrons également pour la défense et la promotion des droits des filles, des femmes, des jeunes et des adolescent·e·s et promouvons la bonne gouvernance locale et la participation active des femmes et des filles. Nos domaines d’intervention sont la santé, l’éducation, l’autonomisation, l’insertion, la justice sociale et la lutte contre les violences basées sur le genre.

Rescue and Hope atteint ses objectifs au travers de sept principales actions : le plaidoyer, les sensibilisations et les communications éducatives de proximité (qui favorisent les changements d’attitudes et de comportements), la formation et le renforcement des capacités (au numérique, à l’entreprenariat etc.), la fourniture de services de santé sexuelle et reproductive dont la prévention contre les infections et maladies sexuellement transmissibles. Nous offrons également des services d’écoute, d’orientation et d’accompagnement psycho-social et juridique ainsi qu’un appui matériel et financier en vue de l’amélioration des conditions de travail et de production artisanale et agricole des femmes.

Cette crise sanitaire a particulièrement touché les femmes en entraînant des pertes d’emploi et de revenus »

Amélie Akinshola, co-fondatrice de l’ONG Rescue and Hope
  • Quels sont les principaux défis auxquels les femmes béninoises sont confrontées aujourd’hui, notamment dans le contexte de la pandémie de Covid-19 ?

Malheureusement, la pandémie de COVID 19 a augmenté les écarts entre les sexes sur les plans économique, social, politique, sanitaire, professionnel et juridique.

Cette crise sanitaire a particulièrement touché les femmes en entraînant des pertes d’emploi et de revenus, l’augmentation de la précarité et de la pauvreté chez les femmes ainsi qu’une perte d’autonomie financière vis-à-vis des hommes. La restriction du travail et les pertes d’emplois liés à la COVID 19 ont augmenté la charge de travail des femmes dans les services de soins, de même que le temps consacré au travail domestique.

Toutes ces pressions sociales et financières liées à la pandémie soumettent également les femmes au stress, à des maladies et violences diverses : psychologiques, sociales et physiques. Par ailleurs, sous l’effet de ces violences, le nombre de grossesses non désirées des adolescentes, des jeunes filles et des femmes a également augmenté.

Enfin, la pandémie accroît aussi la fracture numérique dont les femmes sont davantage victimes, du fait du développement de l’utilisation du numérique, des outils informatiques, de l’internet, des visio-conférences, des formations en ligne, etc.

Or, ces différents domaines auxquels la pandémie a porté de grands coups sont intimement liés à la réalisation des droits humains fondamentaux. Il est donc très important de considérer ces défis dans l’adoption d’un plan national d’actions stratégiques de développement post-COVID-19.

  • Le Forum Génération Égalité, rassemblement mondial pour l’égalité de genre organisé par ONU Femmes et co-présidé par le Mexique et la France, se tient cette année, près de 25 ans après la conférence de Pékin. Considérez-vous qu’il y a une vraie appropriation de cet évènement par les féministes du continent africain ? Comment favoriser une telle appropriation ?        

Certains réseaux de féministes du continent africain se sont approprié ce grand évènement et contribuent depuis des décennies à la dissémination en Afrique des acquis de la Déclaration de Beijing.

Nous encourageons les femmes et la société civile du Bénin à s’inscrire afin de participer au Forum Génération Égalité et suivre les travaux des coalitions d’action sur les six grandes thématiques du Forum (les violences basées sur le genre ; la justice économique ; les mouvements et le leadership féministes ; les droits et santé sexuels et reproductifs ; les nouvelles technologies et l’innovation au service de l’égalité de genre ; l’action des femmes en faveur de la justice climatique). De notre côté, nous répondons à l’appel lancé pour devenir porteur·se d’engagement (n.d.l.r : ouvert jusqu’au mois de juin), ce qui nous permettra de pousser pour la prise d’engagements concrets et d’appuyer la mise en œuvre et le suivi de ces engagements.

Au sein de Rescue and Hope, nous avons par exemple choisi de nous consacrer à quatre thématiques : les violences basées sur le genre, la justice et les droits économiques, l’autonomie corporelle et les droits en matière de santé reproductive et sexuelle, et enfin les mouvements et le leadership féministes.