TRIBUNE – Forum Génération Égalité : nous n’atteindrons pas l’égalité femmes-hommes sans des politiques plus contraignantes
Les femmes ne représentent que 3% des PDG. Seules 15 à 20% des start-ups sont créées par des femmes.
En dépit des nombreuses mesures prises par les gouvernements successifs pour parvenir à l’égalité professionnelle, le revenu salarial des femmes reste inférieur en moyenne de 24% à celui des hommes.
Les femmes ne représentent que 3% des PDG. Seules 15 à 20% des start-ups sont créées par des femmes.
Pourquoi le nombre de femmes se réduit-il au fil de la progression sur l’échelle hiérarchique ?
On peut mettre en cause le fameux plafond de verre et la maternité qui représentent, indéniablement, un véritable obstacle dans la carrière des femmes.
À cet égard, l’enquête menée par l’association Moms à la Barre[1] a révélé que chez les avocates, la maternité demeure un frein dans leur carrière, frein qu’elles espèrent majoritairement compenser dans les cinq ou dix années suivant la naissance/adoption. Cependant, elles sont près de 28% à craindre qu’il ne soit jamais effacé.
Ce préjudice est malheureusement universel car au Danemark, en moyenne, la rémunération des hommes dépasse de 25% la rémunération des femmes. Le décrochage se fait autour de la maternité, moment auquel l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes s’accroît de 30%, pour ensuite se stabiliser aux alentours de 20%.
Par ailleurs, plus les normes de genre d’un pays sont conservatrices et se rapprochent de la vision traditionnelle de la famille, plus le “handicap maternel” est important, ce qui explique qu’en Allemagne, l’écart de rémunération se situe à 61%.
Mais ce plafond de verre n’est-il pas également lié au conditionnement inculqué aux femmes dès le plus jeune âge visant à plaire, servir et s’adapter, tout en restant discrètes et peu bruyantes ?
Car, inexorablement, cette contrainte intériorisée complique les revendications portées par les femmes. De fait, elles sollicitent moins de promotions ou d’augmentations et résistent plus longtemps à une situation de souffrance au travail, au lieu de changer d’environnement professionnel ou de le créer à leur image.
Globalement, elles “osent moins” que les hommes et privilégient la stabilité au détriment de leur bien-être.
En outre, les femmes s’adaptent, parfois même trop, à leur environnement et cela est d’autant plus vrai pour les femmes présentant un profil à haut potentiel ou d’hypersensibilité.
La coercition s’avère nécessaire pour instaurer une égalité réelle
Si de nombreuses femmes s’opposent à la politique de quotas, de peur de voir leur légitimité être remise en cause, force est de constater que la coercition s’avère nécessaire pour instaurer une égalité réelle, qui laissera alors la possibilité à des femmes compétentes de faire leur preuve.
Dès lors, les politiques volontaristes mises en place en France sont nécessaires mais insuffisantes :
– La politique de quotas : la proposition de loi[2] visant à instaurer des quotas au sein des entreprises de plus de 1000 salariés pour permettre aux femmes de représenter au moins 30% des cadres dirigeants et membres des instances dirigeantes en 2027 et 40% en 2030 est encourageante mais il faut viser une véritable égalité, c’est-à-dire 50%, dans les instances de direction de toutes les entreprises, à partir de 50 salariés;
– L’index égalité doit être amélioré en y ajoutant la part des femmes dans les cadres dirigeants, mais aussi dans les bas niveaux de rémunération. Il faut également davantage de transparence sur les détails des calculs et de la note finale obtenue, en concertation avec les partenaires sociaux. Enfin, il faut durcir la sanction en cas de non-respect de la loi en augmentant le montant de l’amende;
– Pour être effectif, le congé paternité doit être rendu obligatoire, alors la charge de la parentalité ne reposera plus exclusivement sur la mère, ce qui permettra de réduire les discriminations à l’égard de ces dernières;
– Renforcer les pouvoirs du Défenseur des droits et améliorer ses procédures d’enquête, avec davantage de transparence et de contradictoire.
Des progrès ont été accomplis ces dernières années mais il reste du travail.
– L’index égalité doit être amélioré en y ajoutant la part des femmes dans les cadres dirigeants, mais aussi dans les bas niveaux de rémunération. Il faut également davantage de transparence sur les détails des calculs et de la note finale obtenue, en concertation avec les partenaires sociaux. Enfin, il faut durcir la sanction en cas de non-respect de la loi en augmentant le montant de l’amende;
– Pour être effectif, le congé paternité doit être rendu obligatoire, alors la charge de la parentalité ne reposera plus exclusivement sur la mère, ce qui permettra de réduire les discriminations à l’égard de ces dernières;
– Renforcer les pouvoirs du Défenseur des droits et améliorer ses procédures d’enquête, avec davantage de transparence et de contradictoire.
Des progrès ont été accomplis ces dernières années mais il reste du travail.
L’enseignement de l’art oratoire dès l’école élémentaire permettrait justement de faciliter la prise de parole pour toutes et tous, permettant aux femmes de dépasser le syndrome de l’imposteure, l’autocensure et la crainte d’être taxées d’“hystériques”.
Il est également indispensable de promouvoir le leadership au féminin en proposant des role models dans tous les domaines, dont l’entrepreneuriat, la fin tech ou les sciences, mais aussi en offrant aux femmes des formations en soft kills, pour leur permettre de davantage oser, et des programmes de mentorat, afin de les accompagner dans leur conquête sociale et professionnelle.
Il ne faut pas pour autant tomber dans l’écueil de responsabiliser la femme qui serait bloquée dans sa progression car cela équivaudrait à la rendre doublement victime : victime de discriminations et victime de l’accusation de se poser en victime.
L’égalité femmes-hommes est un enjeu sociétal dans laquelle nous devons nous engager, quel que soit notre genre ou notre niveau d’action, à titre individuel, organisationnel ou étatique.
Cela est à la fois une question de justice sociale mais aussi une nécessité économique, dans notre intérêt à tous et à toutes.
Cette tribune a initialement été publiée sur le site du Huffington Post.